Jardin d'Aikido vu par La Fontaine
Le 12 février 2008, 80 bougies étaient allumées au Dojo en l'honneur de Guy Lorenzi.
"Entraînez vous!" disait ce Laboureur à ses enfants: tout l'Or de la Banque de France y est caché.
Cela nous le savions déjà, restait à trouver le jardin.
Une fable y pourvu, que tous en choeur nous avons récité:
"Un philosophe austère, et né dans la Scythie,
Se proposant de suivre une plus douce vie,
Voyagea chez les Grecs, et vit en certains lieux
Un sage assez semblable au vieillard de Virgile,
Homme égalant les rois, homme approchant des dieux,
Et, comme ces derniers, satisfait et tranquille.
Son bonheur consistait aux beautés d'un jardin.
Le Scythe trouva Lorenzi qui, katana en main,
De ses arbres à fruit retranchait l'inutile,
Ebranchait, émondait, ôtait ceci, cela,
Corrigeant partout la nature,
Excessive à payer ses soins avec usure.
Le Scythe alors lui demanda
Pourquoi cette ruine: était-il d'homme sage
De mutiler ainsi ces pauvres habitants?
Quittez-moi votre serpe, instrument de dommage;
Laissez agir la faux du temps;
Ils iront assez tôt border le noir rivage--
Guy répondit: J'ôte le superflu, et l'abattant,
Le reste en profite d'autant.
Le Scythe, retourné dans sa triste demeure,
Prend la serpe à son tout, coupe et taille à toute heure;
Conseille à ses voisins, prescrit à ses amis
Un universel abattis.
Il ôte de chez lui les branches les plus belles,
Il tronque son verger contre toute raison,
Sans observer temps ni saison,
Lunes ni vieilles ni nouvelles.
Tout languit et tout meurt.
Ce Scythe exprime bien
Un indiscret stoïcien:
Celui-ci retranche du Dojo
Désirs et passions, la joie et l'effort,
Jusqu'aux plus innocents souhaits.
Contre de telles gens, quant à moi, je réclame.
L'Aïkido, libre effort à nos voeux,
D'amour universel accueillant le meilleur,
Dans nos jardins de paix, nous ferons vivre heureux."
Livre XII, Fable XX (presque) de La Fon-taine.