Plumes, totem d'arts martiaux

Cercle sportif Roger ARBUS logo de 2 plumes« Ce qui excelle à aller ne laisse aucune trace de roue,
celui qui excelle à compter n’emploie ni jetons ni tablettes. » Lao Zi

      Lorsque la plume nous a été proposée pour composer le logo du Cercle sportif Roger ARBUS, nous l’avons adoptée immédiatement. Cette initiative est née d’une description des activités telles que pratiquées dans notre Dojo, dirigé depuis plus de 60 ans par Maître Roger ARBUS, 8è dan de Judo, mais aussi Aïkidoka et Gant d’or de Boxe. Plus qu’un exposé des objectifs, l’idée vient d’une intuition sur les perspectives déployées à l’intention des membres pratiquant les diverses disciplines. Nous pouvons tenter d’analyser notre filiation dans quelques directions.

      Légèreté, c’est la première contradiction que nous souhaitions manifester. Les arts martiaux sont souvent articulés sur la force, l’ancrage et le poids, les techniques géométriques de leviers par des acteurs qui résistent à la pesanteur d’un adversaire. Me ARBUS nous sollicite pour s’en évader par le déplacement ou la vitesse, le poids devenant un moteur du mouvement, comme le vol battu permet à l’oiseau de survoler la terre.

      Souple et rigide, un second affrontement des principes est à l’œuvre dans la plume. Le judo est traduit sobrement par « la voie de la souplesse », et s’illustre pourtant par un idéogramme ju (róu) représentant la partie souple de la lance, parlant davantage de flexibilité que de douceur. La hampe de la plume combine la forme parfaite et la rigueur du calamus à l’adaptation fluide des barbules, elle nous donne l’image des recherches de l’aïkido vers Ri Aï (lǐ hé)Ri ‘en harmonie des principes’, vérités immuables - multiples réalités.

      Souffle et liberté, la plume glisse dans le vent. Tous nos mouvements s’appuient sur le souffle, la musique de la boxe comme le battement des pas. Notre souffle contrôlé n’est pas loin des paroles et de l’écriture, celle des écrivains, avocats, philosophes, comédiens, la plume est leur arme, notre dojo leur maison. La plume advient en totale liberté, pour voler sans contrainte dans toutes les directions, se poser et laisser le hasard agir avec à-propos.

     Une seule aile ne vole pas, une seule plume tombe à terre. A rester unique, la plume pourrait se satisfaire de sa seule beauté, de sa légèreté et de son équilibre. Les arts martiaux sont faits pour le voyage, pour se préparer ou se prémunir, ils ont besoin de l’échange avec un partenaire ou du courage de son opposition. La transformation de soi et le progrès se gagnent à deux. Comme l’air entre deux plumes réchauffe l’oiseau, ce qui se passe entre eux est le plus riche. Ils ne sont pas deux à joindre leur énergie, le vide leur laisse le passage d’un agir-sans agir comme à un planeur une ascendance.

     Dans la vire de deux plumes en cercle, les vexilles du bord d’attaque et les vexilles du bord de fuite forment notre étendard pour une victoire sur soi, les plumes n’ont pas d’ennemi.

"Du songe universel, notre pensée est faite;
Et le dragon était consulté du prophète,
Et jadis, dans l'horreur des antres lumineux,
Entr'ouvrant de leur griffe ou tordant en leurs nœuds
D'effrayants livres pleins de sinistres passages,
Les monstres chuchotaient à l'oreille des sages."
                         Victor HUGO (Toute la Lyre)


Le porteur de clé A.T.